Cher Eric Naulleau,

Cher Eric Naulleau,

J’ai pas vu ton nom parmi les 342 connards qui vont aux putes – 343 moins Nicolas Bedos, qui depuis a retiré sa bite. Je t’imaginais bien, pourtant, accompagnant ton copain Zemmour en virée virile, partageant une chambre pour deux et lutinant en parallèle un duo de pauvres filles mal tombées, toi en pensant à Najat Vallaud-Belkacem, lui à Christine Boutin. Mais j’oubliais que tu préférais un autre genre de tapin, pas vraiment moins honteux, puisque tu viens de publier tes Dialogues désaccordés avec Alain Soral. Un bouquin à quatre mains, donc, et à deux paires de couilles puisque c’est probablement dans cette partie de ton anatomie que tu places le courage qu’il faut prétendre avoir pour dialoguer – même à distance, visiblement par mail – avec un tel infréquentable.

Pauvre Schpountz que tu es, Naullito, toi qui crois faire oeuvre de salubrité intellectuelle en montant sur le ring – la métaphore de la boxe est présente tout au long du bouquin – pour affronter un type qui te considère au mieux comme un sac de sable. Dès vos premiers échanges, tu commets une erreur de débutant en jetant la dépouille de DSK entre les mâchoires du pitbull dans le but d’exciter son double instinct animal de queutard antisémite. Et lui t’en donne pour ton argent en comparant DSK à Alexandre Adler – « l’un baise comme l’autre bouffe, en obèse » – puis en réservant ses coups les plus rudes à la « Juive argentine, lesbienne au nez refait » Marcela Iacub, histoire de bien te signifier dans quelle fange tu as choisi d’aller promener tes mocassins à glands trop bien cirés de mec de télé.

Drapé dans tes principes voltairiens mais pas aussi roué que ton adversaire pour les punchlines qui laissent du sang sur les murs, tu te fais balader ensuite sur à peu près tous les sujets par un mec dont l’ignominie provocatrice est l’unique raison sociale, offrant, et c’est bien là le plus gênant, une remontée en surface inestimable aux odeurs d’égout dont il a fait depuis longtemps son oxygène.

Que ta notoriété médiatique lui serve de courte échelle n’a pas l’air de te déranger outre mesure, sans doute en as-tu pris l’habitude depuis ton hebdomadaire numéro de duettiste avec Zemmour, ton rôle étant désormais réduit à celui d’une speakerine quand lui dégobille en roue libre que Marine Le Pen est « trop à gauche » ou que les morts de Lampedusa « l’ont bien cherché ».

A peine plus offusqué et combatif quand Soral déblatère au nom des « honnêtes gens » sur la « vision tribale et dominatrice » des Juifs, tes arguments pour le contrer sont aussi affûtés qu’une chanson de Zazie. Un signe ne trompe pas, c’est Soral qui a le dernier mot, et il en profite pour te chambrer en remarquant, à propos de l’islamisme, « tu fais quasiment du Soral », ravi sans doute de t’avoir un peu contaminé. C’est quoi, sinon, la prochaine étape ? Un tennis avec Richard Millet ? Un hammam avec Renaud Camus ? Une belote avec Dieudonné et Faurisson où tu pourrais inviter Zemmour pour faire le quatrième ? Va plutôt aux putes, crois-moi, tu choperas moins de maladies.

Je t’embrasse pas, c’est sans doute contagieux.

Christophe Conte

http://blogs.lesinrocks.com/billetdur/2013/11/18/cher-eric-naulleau-2/

Ah ouais. Magnifique.

Tiens, tu lis les inrocks, je t'aurais contaminé ?