A vos portefeuilles et a vos lunettes

Des hausses de prix camouflées !
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Changements de quantité, d'ingrédients, d'emballage... Des fabricants rusent pour escamoter les augmentations de prix sur le marché français. En Belgique, Test-Achats qui sort ce vendredi son enquête de prix en supermarchés, invite à une grande vigilance.
L'association de protection du consommateur Test-Achats a besoin de plus de temps pour livrer une analyse minutieuse.

Tout part de France, où sa consœur "60 millions de consommateurs" sort ce jeudi une étude qui fait du bruit. Celle-ci accuse les industriels de rien de moins que camoufler l'inflation. "Tout est bon pour préserver les marges des fabricants de produits alimentaires", lit-on. "Face à l'inflation, deux solutions : jouer sur les prix ou sur les volumes. Visiblement, les fabricants de produits alimentaires ont choisi la deuxième option. Au choix : changement d'emballage, de volume, ou d'ingrédients."

"Au début de l'année, tout le monde a cogité pour anticiper les hausses des matières premières", avoue un chef de l'industrie agroalimentaire dans le magazine français. "Sur certains produits, décision a été prise de changer le grammage plutôt que d'augmenter le tarif unitaire."

Un discret changement de poids constitue la première arnaque. Les biscuits "Prince" de Lu ne pèsent plus que 300 grammes au lieu de 330 avant l'été. Le kilo de "Jockey" de Danone ne dépasse plus 850 gr. Et les petits pots de 100 gr, toujours de Danone, ont maigri à 90 gr. Même chose pour certaines dosettes de Maison du café (elles ne sont plus que 16 au lieu de 18 par boîte) ou les bouteilles d'eau minérale Saint Amand (amputées d'un quart de litre à 1 l au lieu d'1,25 !) On se souvient que les barres Mars avaient déjà eu la même idée quelques mois plus tôt...

Deuxième déguisement : des changements d'emballage entraînant des hausses de prix (comme les chewing-gums Feel Free vendus chez Aldi, relookés et, du coup, passés de 13,75 à 20,73 €).

Enfin, le pire des stratagèmes : le remplacement des ingrédients traditionnels par des matières premières moins chères afin d'abaisser le coût de revient (lire aussi l'encadré).

Des pirouettes isolées

Qu'en est-il en Belgique ? "Une fois la liste des produits incriminés en France en main, nous allons procéder à des relevés dans les magasins", nous annonçait mardi Jean-Philippe Ducart, porte-parole de Test-Achats. Un jour plus tard, son premier verdict est moins tranché qu'on aurait pu l'attendre... "Il faut retrouver toutes les données de l'année dernière pour procéder à des comparaisons efficaces", tempère-t-il. "Ce n'est pas évident, cela prend du temps."

Pour lui, en résumé, il est clair que ce genre de pirouette doit également exister chez nous. "Mais pas question de généraliser ! Si les distributeurs se mettaient à pratiquer ce genre de petit jeu, il est certain que cela se retournerait rapidement contre eux." Concernant les produits épinglés en France, il ajoute : "La plupart des conditionnements sont différents chez nous."

L'expérience française doit néanmoins dès à présent servir de mise en garde. Mais cela dit, comment le consommateur belge peut-il se repérer alors même que Test-Achats manque de repères ? Jean-Philippe Ducart avance trois grands conseils.

Primo, garder à l'esprit que l'imagination est au pouvoir en termes de marketing et de packaging. Autant rester sur ses gardes.

Secundo, se référer à l'unité de mesure (le kilo ou le litre) pour comparer des prix comparables.

Et tertio, lire attentivement les étiquettes sur les emballages.