Des fourmis et des Hommes – Episode II – Isabelle.
4 participants
Page 1 sur 1
Des fourmis et des Hommes – Episode II – Isabelle.
Des fourmis et des Hommes – Episode II – Isabelle.
- Entrez !
- Vous m’avez fait demander, Votre Excellence ?
- Aaaah, Isabelle, entrez.
Le bureau du Ministre de l’Economie et du Travail est une vaste pièce richement décorée. Une de ces pièces de château dans lesquelles devaient certainement se donner des réceptions ou des concerts. De haute fenêtre s’ouvrent sur un parc arboré sans fin, aux pièces d’eau et jeux de fontaines à faire pâlir Versailles. Le sol est recouvert de parquet ciré en bois précieux, les murs sont ornés de tableaux des Maître de la renaissance et de tapisseries ancienne rehaussées de fils d’or et d’argent. Le style est un peu pompeux et vieillot au goût d’Isabelle mais reste néanmoins fort impressionnant. La table de travail du Ministre, une large table Louis XV trône au beau milieu de la façade sud qui donne sur le jardin d’agrément ce qui laisse percevoir l’ombre du Ministre à contre jour et augment l’impression de malaise d’Isabelle. Les autres murs du bureau donnent accès via de hautes doubles portes capitonnées à différents salons privés. Tous sont décorés dans un style qui lui est particulier. On dit qu’il y en aurait même un spécial tapissé de miroirs et tendus de soie rouge que le Ministre affectionne spécialement pour des rendez-vous peu protocolaires. Chaque porte qui mène à un Salon est surmontée d’une enseigne sculptée à son nom. Toutes sauf une.
- Entrez donc chère Isabelle et installez-vous donc dans le salon Chesterfield, je termine de signer ces quelques documents électroniques de mise hors service de collaborateurs du Ministère et je vous rejoins. Voyez-vous, charmante Isabelle, la fonction de Ministre de l’économie et du travail a également ses inconvénients. C’est que l’on fini par s’attacher un peu après tant d’années à ses anciens collaborateurs et lorsque l’heure de la séparation est venue et entièrement méritée par une vie complète de labeur, il m’échoit le dur devoir de signer leur feuille de départ. Heureusement que le système, prévoyant et bien rodé maintenant, leur a depuis longtemps réservé une place dans un de ces jolis pavillons de Mongolie intérieure où il fait bon terminer ses vieux jours tous frais payés en s’adonnant à ses activités préférées. Finalement, à lire les prospectus officiels d’information on se demande pourquoi on les plaint.
Le Ministre se lève de son grand fauteuil de cuir noir, éteint son portable holographique, ajuste sa chemise dans son pantalon, défait son nœud de cravate et détache le bouton de col de sa chemise blanche. Le Chesterfield est un salon cossu décoré sur le mode des clubs anglais pour gentlemen. Lumières tamisées, grandes toiles de scène de chasses et de charges de cavalerie. Pampres, pourpres et ocres terminent de feutrer l’ambiance.
- Un whisky propose le Ministre en se dirigeant vers le bar en acajou et palissandre qu’il ouvre d’une pression sur la télécommande qui est dans la poche droite de son pantalon.
- Jus d’orange si vous avez, Votre Excellence. Sans glace, s’il vous plait.
- Le Ministre sert le jus d’orange et se verse un whisky bien tassé dans un grand verre rempli de glace et viens rejoindre Isabelle dans le salon Chesterfield où il s’assied à ses cotés dans le divan.
- Mais je ne vous ai pas demandé de venir pour m’écouter philosopher sur la fin de carrière, vous qui n’avez que 97 ans et encore tant d’années de bons et loyaux services à la grandeur de notre Organisation. Bien au contraire.
Je voulais vous féliciter personnellement, en SON nom, pour votre dernière campagne « écran dix ratons ». Un perle qui à n’en pas douter restera dans les anales des techniques de communication aux masses. IL a apprécié. IL a même ri. IL me l’a fait savoir et m’a chargé de vous le dire. Vraiment, même si la technique dite des « écrans de fumée » pour détourner l’attention du public vers des sujets futiles et polémiques pour occulter d’autres évènements importants et décisions impopulaires, est connue de longue date, l’application que vous venez d’en faire dans cette dernière campagne est tout bonnement de l’art.
Je me souviens qu’IL l’utilisait déjà abondamment, avec un certain brio et même une efficacité redoutable, lors de la première phase de la Grande Mutation, dans la première décennie du 21ième Siècle.
- IL est trop bon et vous êtes trop aimable, Votre excellence, je ne fais que mon travail.
- Je me souviens, Votre Excellence, à cette époque, IL avait déjà le soutient des médias dominants.
- C’est exact. Une fameuse époque que cette mise en marche vers la Grande Mutation qui a permis enfin la mise en place du « Nouvel Equilibre Planétaire dans l’Harmonie des Peuples » que nous connaissons actuellement.
- Dites-moi, Isabelle, j’aurais aimé, pour vous remercier de cet excellent travail, vous inviter en week-end dans ma propriété aux bords du lac Michigan. Un petit week-end intime et reposant durant lequel nous aurions l’opportunité vous et moi de lier plus ample connaissance et mieux nous apprécier. Nous collaborons en effet depuis plusieurs années sans vraiment nous connaître. Vous savez à quel point pourtant j’apprécie votre travail mais aussi votre présence à mes cotés, dans mon équipe. Je pensais que nous aurions pu profiter des trois jours du lundi de Pâques pour notre petite escapade dans la nature. Qu’en dites-vous ?
- Votre Excellence…
- Allons. Allons, appelez-moi Edouard, nous sommes entre nous…
- Mais Votre Excellence, je ne peux pas. Vous êtes LE Ministre…
- Isabelle, je vous en prie, nous sommes seuls, personne ne nous voit ni ne nous entend. Ca me fait plaisir.
Prenant la main d’Isabelle dans les siennes, le Ministre se rapproche doucement de sa collaboratrice au point que leurs genoux se frôlent. Le trouble d’Isabelle est grand et son malaise perceptible. Le Ministre se fait fort proche et fort insistant dans le regard.
- Votre exc.., Edourd, j’en suis très honorée et fort émue. Merci de cette marque de confiance. Cependant, vous n’êtes pas sans savoir que je suis mariée et que j’ai deux enfants. Et…
Le Ministre coupe Isabelle.
- Chère Isabelle, je puis vous assurer que mon invitation se fait en tout bien tout honneur et que ce week-end au lac Michigan est à prendre comme une réunion de travail.
- Je n’en doute pas Vot…, Edouard mais j’avais justement introduit une demande de congés spéciaux durant les trois jours de Pâques pour rendre visite à mon mari à Paris. Cela fait plusieurs mois que nous sommes éloignés et que nous ne correspondons plus que par holo-synapses.
- Votre mari a bien de la chance. Du reste, je suis bien convaincu que vous méritez bien mieux qu’un simple technicien de surface. Dans votre cas, j’ai un doute quant à l’efficacité du système centralisé de régulation des natalités et du développement.
Isabelle retire promptement sa main de celles du Ministre.
- Vous ne semblez pas percevoir l’importance de ce week-end de travail il me semble…
N’avez-vous pas un fils Capitaine des Lanciers de la Garde des Gouverneurs en poste à Paris ? Il serait fort dommage qu’il se retrouve affecté à des tâches obscures dans le fin fond de la Laponie ou aux confins de la terre de feu, ne trouvez-vous pas ?
- Réfléchissez bien Isabelle. Vous aurez encore d’autres occasions de revoir votre « mari » et votre fils. Il vous sera reconnaissant d’avoir fait le choix de la raison lorsqu’il sera promu Commandant de Compagnie. Et puis Pâques n’est pas encore à notre porte,
- Je vous laisse filer. Charmante Isabelle. Vous devez être impatiente de prendre votre soirée de repos. A demain donc et n’oubliez pas de bloquer votre agenda pour Pâques. J’y tiens absolument.
- A demain Votre Excellence.
Isabelle se lève et quitte le salon puis le bureau et court dans le couloir lugubre jusqu’au grand escalier d’apparat du Palais qu’elle dévale 4 à 4 jusqu’à la grille que lui ouvre un gardien, s’effondre en larmes et se noie dans la foule des travailleurs qui rentre chez eux par le plus proche métro.
A suivre…
Buuuurps !
Tous droit réservés – © RiderOnTheStorm (ROTS pour les intimes).
- Entrez !
- Vous m’avez fait demander, Votre Excellence ?
- Aaaah, Isabelle, entrez.
Le bureau du Ministre de l’Economie et du Travail est une vaste pièce richement décorée. Une de ces pièces de château dans lesquelles devaient certainement se donner des réceptions ou des concerts. De haute fenêtre s’ouvrent sur un parc arboré sans fin, aux pièces d’eau et jeux de fontaines à faire pâlir Versailles. Le sol est recouvert de parquet ciré en bois précieux, les murs sont ornés de tableaux des Maître de la renaissance et de tapisseries ancienne rehaussées de fils d’or et d’argent. Le style est un peu pompeux et vieillot au goût d’Isabelle mais reste néanmoins fort impressionnant. La table de travail du Ministre, une large table Louis XV trône au beau milieu de la façade sud qui donne sur le jardin d’agrément ce qui laisse percevoir l’ombre du Ministre à contre jour et augment l’impression de malaise d’Isabelle. Les autres murs du bureau donnent accès via de hautes doubles portes capitonnées à différents salons privés. Tous sont décorés dans un style qui lui est particulier. On dit qu’il y en aurait même un spécial tapissé de miroirs et tendus de soie rouge que le Ministre affectionne spécialement pour des rendez-vous peu protocolaires. Chaque porte qui mène à un Salon est surmontée d’une enseigne sculptée à son nom. Toutes sauf une.
- Entrez donc chère Isabelle et installez-vous donc dans le salon Chesterfield, je termine de signer ces quelques documents électroniques de mise hors service de collaborateurs du Ministère et je vous rejoins. Voyez-vous, charmante Isabelle, la fonction de Ministre de l’économie et du travail a également ses inconvénients. C’est que l’on fini par s’attacher un peu après tant d’années à ses anciens collaborateurs et lorsque l’heure de la séparation est venue et entièrement méritée par une vie complète de labeur, il m’échoit le dur devoir de signer leur feuille de départ. Heureusement que le système, prévoyant et bien rodé maintenant, leur a depuis longtemps réservé une place dans un de ces jolis pavillons de Mongolie intérieure où il fait bon terminer ses vieux jours tous frais payés en s’adonnant à ses activités préférées. Finalement, à lire les prospectus officiels d’information on se demande pourquoi on les plaint.
Le Ministre se lève de son grand fauteuil de cuir noir, éteint son portable holographique, ajuste sa chemise dans son pantalon, défait son nœud de cravate et détache le bouton de col de sa chemise blanche. Le Chesterfield est un salon cossu décoré sur le mode des clubs anglais pour gentlemen. Lumières tamisées, grandes toiles de scène de chasses et de charges de cavalerie. Pampres, pourpres et ocres terminent de feutrer l’ambiance.
- Un whisky propose le Ministre en se dirigeant vers le bar en acajou et palissandre qu’il ouvre d’une pression sur la télécommande qui est dans la poche droite de son pantalon.
- Jus d’orange si vous avez, Votre Excellence. Sans glace, s’il vous plait.
- Le Ministre sert le jus d’orange et se verse un whisky bien tassé dans un grand verre rempli de glace et viens rejoindre Isabelle dans le salon Chesterfield où il s’assied à ses cotés dans le divan.
- Mais je ne vous ai pas demandé de venir pour m’écouter philosopher sur la fin de carrière, vous qui n’avez que 97 ans et encore tant d’années de bons et loyaux services à la grandeur de notre Organisation. Bien au contraire.
Je voulais vous féliciter personnellement, en SON nom, pour votre dernière campagne « écran dix ratons ». Un perle qui à n’en pas douter restera dans les anales des techniques de communication aux masses. IL a apprécié. IL a même ri. IL me l’a fait savoir et m’a chargé de vous le dire. Vraiment, même si la technique dite des « écrans de fumée » pour détourner l’attention du public vers des sujets futiles et polémiques pour occulter d’autres évènements importants et décisions impopulaires, est connue de longue date, l’application que vous venez d’en faire dans cette dernière campagne est tout bonnement de l’art.
Je me souviens qu’IL l’utilisait déjà abondamment, avec un certain brio et même une efficacité redoutable, lors de la première phase de la Grande Mutation, dans la première décennie du 21ième Siècle.
- IL est trop bon et vous êtes trop aimable, Votre excellence, je ne fais que mon travail.
- Je me souviens, Votre Excellence, à cette époque, IL avait déjà le soutient des médias dominants.
- C’est exact. Une fameuse époque que cette mise en marche vers la Grande Mutation qui a permis enfin la mise en place du « Nouvel Equilibre Planétaire dans l’Harmonie des Peuples » que nous connaissons actuellement.
- Dites-moi, Isabelle, j’aurais aimé, pour vous remercier de cet excellent travail, vous inviter en week-end dans ma propriété aux bords du lac Michigan. Un petit week-end intime et reposant durant lequel nous aurions l’opportunité vous et moi de lier plus ample connaissance et mieux nous apprécier. Nous collaborons en effet depuis plusieurs années sans vraiment nous connaître. Vous savez à quel point pourtant j’apprécie votre travail mais aussi votre présence à mes cotés, dans mon équipe. Je pensais que nous aurions pu profiter des trois jours du lundi de Pâques pour notre petite escapade dans la nature. Qu’en dites-vous ?
- Votre Excellence…
- Allons. Allons, appelez-moi Edouard, nous sommes entre nous…
- Mais Votre Excellence, je ne peux pas. Vous êtes LE Ministre…
- Isabelle, je vous en prie, nous sommes seuls, personne ne nous voit ni ne nous entend. Ca me fait plaisir.
Prenant la main d’Isabelle dans les siennes, le Ministre se rapproche doucement de sa collaboratrice au point que leurs genoux se frôlent. Le trouble d’Isabelle est grand et son malaise perceptible. Le Ministre se fait fort proche et fort insistant dans le regard.
- Votre exc.., Edourd, j’en suis très honorée et fort émue. Merci de cette marque de confiance. Cependant, vous n’êtes pas sans savoir que je suis mariée et que j’ai deux enfants. Et…
Le Ministre coupe Isabelle.
- Chère Isabelle, je puis vous assurer que mon invitation se fait en tout bien tout honneur et que ce week-end au lac Michigan est à prendre comme une réunion de travail.
- Je n’en doute pas Vot…, Edouard mais j’avais justement introduit une demande de congés spéciaux durant les trois jours de Pâques pour rendre visite à mon mari à Paris. Cela fait plusieurs mois que nous sommes éloignés et que nous ne correspondons plus que par holo-synapses.
- Votre mari a bien de la chance. Du reste, je suis bien convaincu que vous méritez bien mieux qu’un simple technicien de surface. Dans votre cas, j’ai un doute quant à l’efficacité du système centralisé de régulation des natalités et du développement.
Isabelle retire promptement sa main de celles du Ministre.
- Vous ne semblez pas percevoir l’importance de ce week-end de travail il me semble…
N’avez-vous pas un fils Capitaine des Lanciers de la Garde des Gouverneurs en poste à Paris ? Il serait fort dommage qu’il se retrouve affecté à des tâches obscures dans le fin fond de la Laponie ou aux confins de la terre de feu, ne trouvez-vous pas ?
- Réfléchissez bien Isabelle. Vous aurez encore d’autres occasions de revoir votre « mari » et votre fils. Il vous sera reconnaissant d’avoir fait le choix de la raison lorsqu’il sera promu Commandant de Compagnie. Et puis Pâques n’est pas encore à notre porte,
- Je vous laisse filer. Charmante Isabelle. Vous devez être impatiente de prendre votre soirée de repos. A demain donc et n’oubliez pas de bloquer votre agenda pour Pâques. J’y tiens absolument.
- A demain Votre Excellence.
Isabelle se lève et quitte le salon puis le bureau et court dans le couloir lugubre jusqu’au grand escalier d’apparat du Palais qu’elle dévale 4 à 4 jusqu’à la grille que lui ouvre un gardien, s’effondre en larmes et se noie dans la foule des travailleurs qui rentre chez eux par le plus proche métro.
A suivre…
Buuuurps !
Tous droit réservés – © RiderOnTheStorm (ROTS pour les intimes).
RiderOnTheStorm- Bonnevoie
- Messages : 5
Date d'inscription : 14/11/2008
Re: Des fourmis et des Hommes – Episode II – Isabelle.
Burp !
Bravo Rots
Vivement la suite !
(mais mon Dieu comment va-t-elle se sortir de ce cruel dilemme !)
Bravo Rots
Vivement la suite !
(mais mon Dieu comment va-t-elle se sortir de ce cruel dilemme !)
Mind Matter- Grand Echevin
- Messages : 2047
Date d'inscription : 21/07/2008
Localisation : Groland
Re: Des fourmis et des Hommes – Episode II – Isabelle.
Tain, c'est quoi c'truc ?
Un roman photo de série B ?
On se croirait dans la salle d'attente d'un coiffeur portugais de Bonnevoie...
Misère...
Un roman photo de série B ?
On se croirait dans la salle d'attente d'un coiffeur portugais de Bonnevoie...
Misère...
DeProfundisMorpionibus- Grand Echevin
- Messages : 2581
Date d'inscription : 14/07/2008
Localisation : Luxemfoired... (C'est juste à côté de Luxembored).
Nutell- Boredmestre
- Messages : 992
Date d'inscription : 05/09/2008
Sujets similaires
» Des fourmis et des Hommes. - Episode I - Roxane.
» Des fourmis et des Hommes – Episode III – Julien.
» Un Concept interessant..
» C'est un beau roman, c'est une belle histoire ...
» Star Troll - Episode III - 12.12.12
» Des fourmis et des Hommes – Episode III – Julien.
» Un Concept interessant..
» C'est un beau roman, c'est une belle histoire ...
» Star Troll - Episode III - 12.12.12
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum