Des fourmis et des Hommes – Episode III – Julien.

Des fourmis et des Hommes – Episode III – Julien.


« Scriiiiiitch – fffuouuuuuuuu », « Scriiiiiitch – fffuouuuuuuuu », « Scriiiiiitch – fffuouuuuuuuu »…

Julien panse son étalon dans la stalle qui lui a été dévolue au sein des Haras Parisiens de l’Organisation à Versaille. Le bruit rauque et rugueux de l’étrille est immédiatement suivi du son feutré du glissement de la brosse. Voilà déjà une demi-heure que le Capitaine des Lanciers de la Garde des Gouverneurs prend soin de sa monture.
Une demi-heure, déjà. Le jeune homme se laisse bercer par le rythme régulier de l’alternance des instruments sur le pelage pommelé du cheval. La chaleur de l’animal, sa moiteur et l’odeur de son corps l’enivrent presque. Comme lors de chaque retour de mission. Comme le parfum d’ilang-ilang que diffuse sa cellule-cabine les soirs de mélancolie solitaire tandis que le psycho-diffuseur olo-synapsique éveille en lui les images douces et apaisantes qui le calment et le détendent.
« Scriiiiiitch – fffuouuuuuuuu », alors que la torpeur envahi lentement l’officier, il ne peut s’empêcher de se remémorer cette dernière mission qui vient de prendre fin à son retour à la caserne.
Encore une mission dont il n’est pas fier. Il a toujours besoin de prendre une longue douche, comme pour se laver des atrocités commises au nom de l’Organisation avant de s’abandonner à la thérapie virtuelle du psycho-diffuseur. Pourchasser les « Extérieurs » au-delà des murs du périmètre sécurisé des territoires « civilisés » de l’Organisation ne lui a jamais beaucoup plus. Cette mission avait commencé la veille avec l’ordre remis par le Commandant de la place.

- Capitaine Juste à votre service Mon Commandant.
- Ah Julien ! J’ai un ordre de mission pour vous.
Nos informateurs nous ont signalé un campement d’extérieurs non loin de ces ruines. Des vieux, des femmes et des enfants. Faiblement armés, au plus deux ou trois gardes. Nettoyez la place et revenez rapidement. Départ à 0400 demain. Vous y serez en deux heures à un bon rythme mais sans fatiguer les bêtes. Vous leur tomberez dessus par surprise tandis qu’ils dormiront encore. Tenue de combat légère, équipement de localisation des puces par satellite, armement d’assaut individuel. Récupération des éléments d’identification individuelle des extérieurs après élimination puis incinération des restes. La routine.
Restez tout de même vigilant. Un regain d’agitation est à craindre depuis les derniers raids d’éradication. Les extérieurs essaient de s’organiser et de se structurer. Vous avez des questions ?
- Oui Mon Commandant. Faut-il exterminer également les femmes et les enfants ?
- Evidemment ! Sauf les plus jeunes d’entre eux. Ceux qui sont encore récupérables pour la procédure habituelle de requalification au service de la Communauté. D’autres questions ?
- Rien d’autre à votre Service ?
- Disposez.

Le jeune Capitaine, salue et dans un claquement des talons exécute un demi tour parfait et sort du bureau. La nausée habituelle le gagne à nouveau. Tuer, tuer, tuer. Pourquoi ? Pour qui ? Pour quoi ? Il a beau être militaire depuis de longues années, il ne s’y fait pas.

« Hiiiiiiiiii Pfffffffrrr », le hennissement de sont cheval ramène l’officier à la réalité. Il l’a appelé Joly Jumper du nom du fidèle compagnon d’un ancien héro de bande dessinée qu’il lisait quand il était encore enfant. C’étaient des livres de son père, Jean. Les aventures d’un cow-boy justicier et solitaire auquel il s’était identifié dans ses propres jeux. Solitaire, il le devient un peu plus chaque jour, muré dans son dégoût de lui-même et des actes de barbaries que l’Organisation lui fait commettre au nom de l’Ordre Mondial. Solitaire parmi les autres officiers qui ne pensent pas comme lui. Solitaire parmi ses propres hommes qui ne demandent qu’à casser du rebel. Mais Justicier ? Ca fait belle lurette qu’il ne s’ait plus senti justicier. Du temps, enfants, où ils jouaient, son petit frère et lui, aux chevaliers, aux policiers ou encore dans les sit-in et les manifs à la fac. Le bon vieux temps comme dit son Père. Il était alors de l’autre côté du fusil.

- « Capitaine, Ô Mon Capitaine » crie l’aide de camp essoufflé par sa course depuis le bureau du Commandant.
- Repos soldat. Que se passe-t-il ?
- Le Commandant vous attend dans son bureau. Il dit que c’est urgent.
- Tenez, terminez Joly Jumper, donnez lui encore du foin et double ration de grain. N’oubliez pas l’eau. Je reviens.

Quelques minutes plus tard, dans le bureau de son chef hiérarchique après s’être rhabiller et avoir ciré ses bottes.

- Vous m’avez demandé Mon Commandant ?
- Oui Julien, Une mission Urgente, extrêmement dangereuse, de la plus haute importance et confidentielle.



A suivre…

Buuuurps !

Tous droit réservés – RiderOnTheStorm (ROTS pour les intimes).

Un militaire qui pense donc .....

..... Si ca c'est pas de la S. F. ......